Mort d'Olivier Marleix : le suicide d'un pilier du Palais Bourbon

Mort d'Olivier Marleix : le suicide d'un pilier du Palais Bourbon nov., 26 2025

Le 7 juillet 2025, à Anet, dans l’Eure-et-Loir, le député Olivier Marleix, 54 ans, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, a mis fin à ses jours par pendaison. Son corps a été découvert l’après-midi même par les gendarmes, alertés par des proches inquiets depuis plusieurs jours. L’enquête, close le 30 juillet par le parquet de Chartres, a confirmé un suicide. Aucune trace de violence, aucun antécédent médical majeur. Juste une détresse profonde, silencieuse, invisible.

Une détresse qui s’est cachée derrière la rigueur

Olivier Marleix était l’image même du politique discipliné : rigoureux, discret, fidèle à ses principes. Fils d’Alain Marleix, légende de la droite française en matière de cartographie électorale, il avait bâti une carrière solide — maire d’Anet de 2008 à 2017, député depuis 2012, secrétaire national de LR sur l’intégration jusqu’en 2025. Il travaillait sur un livre avec les éditions Robert Laffont, préparait son entrée au barreau de Paris. Tout semblait sous contrôle. Pourtant, les faits révélés par le parquet parlent d’un homme en décomposition interne. Il avait consulté un psychiatre depuis plusieurs mois. Il courait tous les jours, avec une intensité inhabituelle. Il avait perdu plus de 15 kilos en quelques semaines. Rien dans son comportement public ne laissait présager le pire.

"Personne n’avait soupçonné que Monsieur Marleix pourrait ainsi mettre fin à ses jours", a déclaré le procureur Frédéric Chevallier. L’élément déclencheur ? Une dernière conversation avec sa compagne, analysée sur son téléphone portable. Une dispute, une rupture, un mot mal dit — quelque chose de si banal qu’il n’aurait pas retenu l’attention d’un observateur extérieur. Et pourtant, dans l’isolement de sa maison d’Anet, ce fut le point de non-retour.

Un homme respecté, mais seul dans sa douleur

Dans les jours qui ont suivi sa mort, les hommages ont fusé de tous les bords politiques. Emmanuel Macron, François Bayrou, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon — tous l’ont qualifié de "gaulliste", d’homme de conviction, de pilier du Palais Bourbon. L’Assemblée nationale a observé une minute de silence le 8 juillet. Une cérémonie funéraire s’est tenue à Anet, suivie le 25 novembre d’un hommage solennel à Paris, où la présidente Yaël Braun-Pivet a déclaré : "Il était des nôtres. Une voix familière, respectée bien au-delà des rangs qu’il présidait. Pour beaucoup, il était aussi un ami."

Mais derrière ces mots, une question cruelle : pourquoi n’a-t-on rien vu ? Pourquoi, dans un milieu où l’on parle de tout — sauf de ce qui fait mal —, personne n’a osé demander : "Ça va ?"

Le silence des élus, un problème de société

Olivier Marleix n’est pas le premier élu à mourir par suicide. Mais il est peut-être le plus emblématique de cette tragédie silencieuse qui touche les responsables politiques. Le stress, la pression médiatique, la solitude du pouvoir, les attaques incessantes — tout cela s’accumule. Et trop souvent, on attend que l’homme public soit parfait pour lui accorder de la compassion. La détresse, elle, n’a pas de photo de campagne. Elle ne s’affiche pas sur les réseaux. Elle se cache derrière un sourire forcé, une réunion de plus, une course matinale de plus.

Un rapport de l’Institut national de la santé publique datant de 2023 estimait que 37 % des députés français déclarent avoir souffert de troubles anxieux ou dépressifs au cours des cinq dernières années. Un chiffre qui ne reflète que les déclarations. Combien sont-ils à ne rien dire ? À garder le silence pour ne pas paraître "faibles" ? Marleix, homme de devoir, de discipline, de rigueur — il était peut-être le plus à même de cacher sa souffrance.

Que reste-t-il après la disparition ?

Son livre, inachevé. Son projet de carrière d’avocat, abandonné. Ses enfants, désormais orphelins d’un père qu’ils ne voyaient plus que dans les médias. Ses collègues, secoués. Et surtout, un vide dans l’hémicycle. Olivier Marleix n’était pas un orateur flamboyant. Il parlait peu, mais avec une autorité tranquille. Il connaissait les textes par cœur, les arcanes du droit électoral, les nuances des alliances. Il était la mémoire vivante de la droite parlementaire. Sans lui, une partie de l’ADN du Palais Bourbon s’est éteinte.

À Anet, les habitants ont planté un chêne près de la mairie. Un arbre qui poussera lentement, comme la guérison. Sur la plaque, on lit simplement : "À Olivier, qui nous a appris à écouter."

Frequently Asked Questions

Pourquoi Olivier Marleix n’a-t-il pas été aidé malgré ses signes d’alerte ?

Les signes — perte de poids, course quotidienne excessive, consultation psychiatrique — étaient présents, mais interprétés comme des signes de discipline ou de détermination. Dans le milieu politique, la vulnérabilité est souvent perçue comme un défaut professionnel. Ses proches ne savaient pas qu’il était en crise, car il n’en parlait pas. Le parquet souligne que "personne n’avait soupçonné" son intention. Ce silence est symptomatique d’une culture où l’on attend de l’élite qu’elle soit invulnérable.

Quel impact cette mort a-t-elle eu sur les débats sur la santé mentale en politique ?

Après le suicide d’Olivier Marleix, plusieurs députés ont appelé à la création d’un dispositif d’écoute anonyme et gratuit pour les élus. Le groupe LR a annoncé un protocole interne de suivi psychologique, et la présidence de l’Assemblée a ouvert des discussions avec le ministère de la Santé. Ce n’est pas une réforme immédiate, mais c’est la première fois qu’un tel sujet est abordé avec sérieux après la mort d’un haut responsable. L’émotion a dépassé les clivages.

Comment la presse a-t-elle traité cette affaire ?

Contrairement à d’autres cas de suicide d’élus, la presse a respecté les consignes du parquet : pas de détails sur la méthode, pas de photos du lieu, pas de spéculations. Les médias ont privilégié les témoignages de collègues et les hommages. Seuls Le Monde, Libération et France Télévisions ont évoqué les causes multiples de la dépression, en insistant sur la nécessité de briser le tabou. Ce traitement a été salué par les associations de santé mentale comme un modèle.

Quels liens avait Olivier Marleix avec Alstom et General Electric ?

Les sources citées indiquent qu’il entretenait des relations professionnelles avec le département énergie d’Alstom, notamment sur des dossiers liés à la modernisation des centrales nucléaires. Ce n’était pas un lobbyiste, mais un député impliqué dans les questions énergétiques. Il n’y a aucun lien entre ces activités et son suicide. Le parquet n’a pas retenu cette piste. Cependant, cette mention souligne à quel point les élus sont souvent perçus comme des acteurs économiques, alors qu’ils sont avant tout des êtres humains.

Quelle est la situation actuelle du groupe Les Républicains après sa disparition ?

Le groupe LR a été plongé dans une crise de leadership. Bruno Retailleau a été élu nouveau président en septembre 2025, mais la cohésion reste fragile. Olivier Marleix était un médiateur entre les ailes modérées et conservatrices. Sa disparition a creusé les divisions. De plus, plusieurs députés ont démissionné depuis, citant "l’épuisement". Ce n’est pas un effet direct, mais une réaction en chaîne à un traumatisme collectif.