Macron lance un service militaire volontaire de 10 mois à partir de l'été 2026
nov., 27 2025
Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 27 novembre 2025, un tout nouveau programme de service militaire volontaire, d’une durée de dix mois, qui débutera à l’été 2026. L’annonce, faite lors d’un discours prononcé au sein de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne (BIM) à Varces, en Isère, marque un virage stratégique majeur dans la politique de défense française. Pas de conscription, pas de service universel : seulement des volontaires, âgés de 18 à 19 ans, sélectionnés sur dossier, et formés comme des soldats. La première vague comptera 3 000 jeunes — hommes et femmes — avec un objectif de 10 000 d’ici 2030, et jusqu’à 50 000 par an d’ici 2035. Le tout, pour un coût estimé à 2 milliards d’euros en 2026.
Un modèle inspiré de la Norvège, mais plus intense
Le projet s’inspire directement du système norvégien, où le service militaire est obligatoire pour les hommes et les femmes, mais où les candidatures volontaires sont largement privilégiées. Ici, rien de comparable à la version française du Service National Universel (SNU), ces séjours de douze jours axés sur la cohésion civique. Non. Ce nouveau programme, selon un proche conseiller du président, sera « beaucoup plus militarisé ». Les jeunes vivront en caserne, porteront l’uniforme, suivront des exercices de tir, de survie en montagne, de manœuvres tactiques, et apprendront les bases de la défense cyber. Le but ? Former une réserve opérationnelle de qualité, prête à être mobilisée en cas de crise majeure.
« Nous ne pouvons pas revenir à l’époque de la conscription, mais nous avons besoin de la mobilisation de la Nation, pas contre un ennemi, mais pour nous défendre et être prêts », a déclaré Emmanuel Macron. Ce qui change, c’est l’ambition : passer d’une logique de citoyenneté à une logique de résilience nationale. Les jeunes ne seront pas seulement des élèves de la République — ils deviendront des maillons de la défense.
Des candidatures ouvertes en janvier 2026
Les candidatures ouvriront dès mi-janvier 2026, avec un processus sélectif : dossiers scolaires, tests physiques, entretiens psychotechniques. Pas de tirage au sort. Pas de quota géographique. Juste une recherche de profils aptes à supporter la pression. Le président a souligné que les jeunes seraient « sélectionnés », comme en Norvège, où les candidats sont évalués sur leur motivation et leur potentiel. Les premiers recrues rejoindront les unités en juillet 2026, après une semaine de tri et d’orientation.
Le programme sera strictement limité au territoire national, a précisé Macron. Pas de déploiement à l’étranger. Pas de mission de paix. Juste l’entraînement, les exercices, les simulations de crise — en France. « Ce n’est pas une armée de projection, c’est une armée de résistance », a-t-il affirmé. Et pourtant, il a laissé une porte ouverte : en cas de « crise majeure », le Parlement pourrait voter une mesure permettant de transformer ce service volontaire en obligation pour les jeunes ayant été identifiés comme ayant des compétences critiques — ingénieurs, informaticiens, médecins, pilotes, etc.
Les forces armées ne sont pas prêtes — et c’est le problème
Le plus grand défi ? Les effectifs. L’armée française, selon Le Monde, n’est pas organisée pour accueillir des milliers de jeunes supplémentaires. « Nous devons libérer progressivement un nombre suffisant d’officiers pour encadrer ces jeunes », a reconnu Macron. Actuellement, les unités sont déjà à la limite de leurs capacités. Les centres d’instruction manquent de personnel, les équipements sont en cours de renouvellement, et les casernes ne sont pas toutes équipées pour accueillir des cohortes de 500 jeunes en même temps.
La solution ? Un plan de recrutement accéléré des sous-officiers et des instructeurs, avec des primes à la signature et des formations intensives. Des unités de réserve, comme les 27e BIM, vont être transformées en centres pilotes. À Varces, les soldats vont devoir partager leurs dortoirs, leurs salles de cours, leurs armes. C’est un vrai défi logistique — et un pari risqué.
Une réponse aux menaces, pas une réforme sociale
Le contexte est clair : la guerre en Ukraine, la montée des tensions en Méditerranée, les cyberattaques croissantes, l’instabilité en Afrique du Nord. La France ne peut plus compter uniquement sur ses forces professionnelles. La population, elle, ne veut plus de la conscription — mais elle accepte un service volontaire, surtout si on lui en montre l’utilité.
« Il y a dix ans, on parlait de cohésion nationale. Aujourd’hui, on parle de survie », explique Frédéric Bois, analyste de défense à l’Institut des hautes études de défense nationale. « Ce n’est pas un service civique. C’est une préparation à la guerre. Et c’est la première fois depuis 1997 que la France prend ce chemin-là. »
Le programme ne vise pas à remplacer les armées professionnelles — il les renforce. Il crée un vivier de jeunes formés, qui pourraient ensuite intégrer les forces armées en tant que militaires à contrat, ou rester dans la réserve. Et surtout, il crée un lien direct entre les jeunes et l’armée — un lien rompu depuis la fin de la conscription.
Et après 2035 ?
Le président a dit que le chiffre de 50 000 volontaires par an pourrait être « adapté en fonction des menaces ». C’est un euphémisme. Si les tensions internationales s’aggravent, le seuil pourrait être porté à 80 000. Si la Russie ou la Chine intensifient leurs pressions, le Parlement pourrait être amené à voter une extension du service à 12 ou 14 mois. Ou même, à terme, à réintroduire un élément d’obligation — mais seulement pour les compétences critiques.
Le vrai test, ce ne sera pas l’été 2026. Ce sera 2030. Si 10 000 jeunes se présentent encore, si les unités sont prêtes, si les familles acceptent de laisser partir leurs enfants pendant dix mois… alors le modèle aura réussi. Sinon, il faudra repenser tout le système.
FAQ
Qui peut postuler à ce service militaire volontaire ?
Seuls les jeunes Français âgés de 18 à 19 ans au moment de la candidature peuvent postuler. Pas de condition de niveau scolaire, mais un test physique, un entretien de motivation et un examen de santé sont obligatoires. Les candidats sont sélectionnés sur critères de motivation, d’aptitude physique et de profil psychologique, comme en Norvège. Les candidatures s’ouvrent en janvier 2026.
Ce service remplace-t-il le SNU ?
Non. Le Service National Universel (SNU) de 12 jours, axé sur la citoyenneté et la cohésion, reste en place. Ce nouveau programme est totalement distinct : il est plus long (10 mois), plus militaire, et exclusivement volontaire. Les jeunes peuvent faire les deux — mais très peu le feront, car les dates se chevauchent. Le SNU reste un outil de lien social, ce nouveau service, un outil de défense.
Les jeunes seront-ils payés pendant ce service ?
Oui. Les volontaires recevront une rémunération mensuelle d’environ 500 euros, plus une indemnité de logement et de nourriture. Ils bénéficieront aussi d’une formation professionnelle reconnue, équivalente à un diplôme de niveau V, et d’un accompagnement pour leur insertion après le service. Le tout financé par le budget de la Défense, avec un coût estimé à 2 milliards d’euros en 2026.
Pourquoi ce service est-il limité au territoire français ?
Pour éviter les risques politiques et humanitaires liés à des déploiements à l’étranger. Le but n’est pas de faire de ces jeunes des soldats de combat en mission, mais de les préparer à défendre le sol français en cas d’attaque, de crise majeure ou d’intrusion. C’est une stratégie de « défense territoriale » — plus réaliste, moins controversée, et plus facile à justifier auprès des familles.
Le Parlement peut-il rendre ce service obligatoire ?
Oui, mais seulement en cas de crise nationale majeure, et à condition d’un vote par les deux chambres. Le président a précisé que seuls les jeunes ayant été identifiés pendant leur service — par exemple, des talents en cybersécurité, en logistique ou en médecine — pourraient être rappelés. Ce n’est pas une conscription généralisée, mais une réserve de compétences activable en urgence.
Pourquoi cette réforme est-elle considérée comme historique ?
Parce que c’est la première fois depuis 1997 que la France réintroduit une forme de service militaire structuré et massif. La fin de la conscription avait marqué une rupture avec la société. Ce programme recrée un lien entre l’armée et les jeunes — sans y forcer personne. Il transforme la défense en projet collectif, pas en obligation. C’est un nouveau contrat social, silencieux mais profond.