Hypertension : Apple Watch étend les alertes aux Series 9, 10 et Ultra 2 avec watchOS 26

Apple affirme pouvoir prévenir plus d’un million de personnes non diagnostiquées d’hypertension dès la première année. Le groupe élargit son système d’alertes à des modèles déjà au poignet de millions d’utilisateurs : Series 9, Series 10 et Ultra 2. Jusqu’ici réservé aux nouveaux modèles (Series 11 et Ultra 3), l’outil arrive via watchOS 26 et pousse un sujet de santé publique — la tension élevée touche environ 1,3 milliard d’adultes — au cœur du quotidien.
Concrètement, la montre ne remplace pas un tensiomètre. Elle repère des signaux compatibles avec une pression artérielle élevée sur des périodes de 30 jours, puis envoie une notification quand ces signaux s’installent. L’idée est simple : faire sortir de l’ombre une condition souvent silencieuse, et inciter à une mesure classique avec brassard, puis à un échange avec un professionnel de santé.
Ce qui change et quand ça arrive
Le déploiement passe par watchOS 26, annoncé pour le 15 septembre 2025 sur les montres compatibles. Les nouvelles Series 11 et Ultra 3 seront livrées à partir du 19 septembre 2025 avec la fonction prête à l’emploi. Apple vise plus de 150 pays ce mois-ci, sous réserve d’autorisations locales. Aux États‑Unis, la marque dit s’attendre à un feu vert prochain de la FDA pour ces notifications d’hypertension.
Cette extension compte, parce qu’elle ouvre la fonction à une base installée massive. Les Series 9, Series 10 et Ultra 2 embarquent toutes le capteur cardiaque optique requis. La mise à jour logicielle suffit : pas besoin d’un nouveau capteur. Bien sûr, il faudra mettre aussi à jour l’iPhone associé pour activer l’ensemble des nouveautés liées à Santé.
Apple insiste sur sa méthode. L’entreprise dit avoir entraîné ses modèles de machine learning sur des données issues d’études totalisant plus de 100 000 participants, puis validé l’approche dans des essais cliniques avec plus de 2 000 volontaires. Objectif : distinguer de vrais signaux de tendance, en réduisant les faux positifs causés par le mouvement, la température, ou un port trop lâche de la montre.
Si vous avez déjà connu les alertes d’arythmie (fibrillation auriculaire) de la montre, le concept est similaire : un algorithme exploite le capteur optique pour repérer des motifs récurrents, mais sans donner une valeur chiffrée. C’est un système d’orientation, pas un diagnostic en soi.
Comment ça marche, et les limites à garder en tête
Le capteur optique analyse des variations du flux sanguin au poignet. Sur 30 jours, l’algorithme cherche des changements dans la réponse des vaisseaux, des indices proches de la vitesse de l’onde de pouls et de la compliance artérielle. Quand ces signaux dépassent un seuil de probabilité, la montre envoie une notification de « probable hypertension » et vous propose un plan d’action.
Important : la montre ne fournit pas de mesure de pression systolique/diastolique. Elle ne remplace pas un brassard. Apple recommande de confirmer avec un tensiomètre validé et de suivre les conseils de l’American Heart Association : mesurer pendant sept jours et partager les résultats avec un professionnel.
- Mesurez matin et soir, à heure fixe, pendant 7 jours.
- Reposez-vous 5 minutes avant chaque mesure, bras à hauteur du cœur.
- Évitez caféine, tabac et effort dans les 30 minutes précédentes.
- Notez chaque valeur et la moyenne des 6 jours (on exclut souvent le premier jour).
- Transmettez les résultats à votre médecin pour décider de la suite.
Les limites ? Les alertes restent des probabilités. Certaines conditions — mouvements répétés, port trop lâche, peau humide, tatouages foncés au poignet, arythmies — peuvent dégrader les signaux et conduire à des notifications manquées ou indésirables. Les personnes sous traitement antihypertenseur ou déjà diagnostiquées doivent continuer à suivre leur protocole médical : la notification n’a pas vocation à ajuster un traitement sans avis médical.
Réglementairement, ces notifications sont classées différemment d’un dispositif de mesure. Elles guident vers une action (mesurer avec un brassard) plutôt que d’annoncer une valeur. C’est la ligne choisie par Apple, alors que d’autres acteurs ont tenté la mesure directe sur montre en s’appuyant sur une calibration fréquente avec un tensiomètre externe.
Pour la santé publique, le pari est clair : rendre visible un risque souvent invisible. L’hypertension non traitée augmente le risque d’AVC, d’infarctus, d’insuffisance rénale. Une alerte peut déclencher un dépistage, puis une prise en charge simple : hygiène de vie, suivi régulier, parfois médicaments. Si Apple atteint son objectif d’un million de personnes alertées la première année, l’impact potentiel est réel, surtout en soins primaires.
Côté expérience, l’alerte s’affiche sur la Apple Watch et dans l’app Santé. Elle propose des explications claires, un rappel de mesurer avec un brassard sur sept jours, et un export facile des données pour le professionnel de santé. Apple met aussi en avant la confidentialité : traitement local autant que possible, chiffrement des données de santé et partage sous contrôle de l’utilisateur. Comme toujours, l’activation est volontaire et peut être désactivée à tout moment.
Quid des comparaisons ? Les montres concurrentes proposent déjà des fonctions liées à la tension, souvent limitées à certains pays et avec une calibration obligatoire au brassard toutes les quelques semaines. Ici, Apple opte pour la détection de tendances plutôt que la fourniture de valeurs. C’est moins « spectaculaire » qu’un chiffre instantané, mais plus réaliste au poignet, où les mesures absolues restent difficiles sans serrage et positionnement normalisés.
À l’échelle du cabinet médical, l’outil peut fluidifier le dépistage. Une alerte documentée par sept jours de mesures au brassard vaut mieux qu’une mesure isolée et anxiogène. À terme, cela peut rationaliser le temps de consultation : décision partagée sur la base d’une moyenne, ajustement éventuel du mode de vie, puis suivi. La montre, elle, garde son rôle de vigie discrète sans s’improviser tensiomètre.
Ce qu’il faut retenir avant d’activer la fonction : assurez-vous d’être à jour (watchOS 26 sur Series 9, Series 10 ou Ultra 2), portez la montre bien ajustée au quotidien, et acceptez que les premières semaines servent de période d’apprentissage. Si une alerte arrive, ne paniquez pas : passez au brassard, suivez la règle des sept jours, et parlez-en avec votre médecin. C’est là que la technologie devient utile : quand elle transforme un signal en action soignante.